Un coup d’air glacial sur son corps le fit tressaillir et le réveilla subitement. Ses yeux fixèrent le plafond rempli de tags, comme chacun des murs du squat. Reprenant petit à petit ses esprits, il chercha un point quelconque où stabiliser son regard mais tout semblait flou. C’est alors que deux mains glissèrent le long de son torse nu. La caresse sembla le calmer immédiatement. Il referma ses yeux à nouveau et poussa un soupire d’aise sous les caresses de la femme. Cette femme en question, tout le monde ici l’appelait ‘Maman’. Elle était un peu plus âgée que la moyenne et prenait soin de tout le monde. Un vrai ange qui s’occupait de chaque tête droguée du squat. Cependant, elle semblait avoir prit tout particulièrement Eron sous son aile. Il l’adorait et l’admirait à la fois. Il frotta doucement sa joue contre sa poitrine, se calmant petit à petit. Alors que ses ongles vinrent effleurer l’intérieur de son bras, sa voix douce murmura au creux de son oreille.

-Tu veux ta dose? Tu te sens de le faire tout seul à nouveau ou tu veux que je le fasse encore cette fois?

-Tu peux le faire s’il te plaît?

Ainsi la femme lui donna une petite tape taquine sur la joue et se releva. Elle se mit à préparer le mélange dans la seringue tout en se rhabillant. Eron fit de même sans vraie grande motivation. La femme en question revint vers lui quelques minutes plus tard et se mit à faire un garrot autour de son bras. Elle le déposa sur sa cuisse et attendit que les veines sois apparentes. Une fois fait, elle vint doucement déposer ses lèvres contre les siennes et lui sourit tendrement. -Bonne nuit petit ange. Le jeune adolescent lui répondit d’un tendre sourire avant que l’aiguille transperce ses veines. Il poussa un long soupire de soulagement, son esprit s’évaporant dans un paradis artificiel. Le brouillard chimique transformait cet immonde squat en véritable Éden. Plusieurs heures après son divin fixe, Eron était sorti dans la rue. Assis en tailleur, il quémandait un peu d’argent aux passants pour payer ses doses. Il n'était qu'un ado et voilà déjà deux ans qu’il vivait ici parmi les autres drogués. Malgré tout, il ne ressentait ni honte et il regret. Sa mère lui avait transmit sa ´passion’ pour les substances illicites, de ce fait il était mieux ici qu’avec elle et son horrible beau-père. Il n’avait honte de rien, pas même de vendre son corps pour arrondir un peu ses fins de mois. C’était une façon de vivre comme une autre et étonnement il aimait la petite communauté de junkies avec laquelle il vivait. Il aimait même sa vie même si cela constituait à être un déchet de la société.