蓮
Ren Kimura
木村
-On partira un jour d’ici tu me le promets?
-Je te le promets.
Leur deux auriculaires s’entrelacèrent pour sceller leur promesse. La jeune fille se blottit dans les bras du garçon. Elle ferma les yeux et laissa aller ses pleurs. Un coup de poing contre la porte la sortit de sa rêverie et la ramena à son reflet dans le miroir. De long cheveux noirs un peu ondulés, une belle robe bleue et un maquillage digne d’une petite poupée. Elle ne put retenir une larme à ce reflet qui ne lui convenait guère. C’est à ça que devait ressembler une jeune fille de son âge? Pourquoi? Elle, elle ne le voulait pas. Un second coup éclata contre la porte, lui faisant tourner la tête dans cette direction.
-Sors d’ici ma chérie, je suis désolée. Tu sais que papa ne te ferra jamais de mal non?
Un frisson d’effroi parcouru son corps. Elle frotta doucement ses bras nus et essaya de ne pas écouter son père. Depuis la mort de la mère de famille, il avait une fâcheuse tendance à transposer l’image de la femme qu’il avait perdu à sa fille. Si ce fait pouvait paraître anodin, ces derniers temps les vêtements qu’il lui choisissait la faisait de plus en plus ressembler à une femme. C’est sans oublier ses câlins qui, eux, devenaient de plus pesants. Elle n’en pouvait plus de ses mains qui s’égaraient. Il fallait qu’elle agisse avant que quelque chose de plus grave ne se produise. Elle attacha ses cheveux. Elle ne voulait pas ressembler à ça, elle ne voulait pas de ce corps... Elle, elle voulait choisir son apparence physique, pas la subir. Elle prit d’abord le temps de se démaquiller. Une fois sa peau libérer de cet épais fond de teint, ce phare à paupière et ce rouge à lèvres criard, elle saisit fermement une paire de ciseaux. Tu peux le faire, se disait-elle. Elle n’hésita plus et le ciseau se mit à trancher sa queue de cheval. Ses cheveux, longs jusqu’au bas de dos, tombèrent au sol. Elle trancha encore et encore jusqu’à avoir l’esquisse d’un carré droit. Une grande inspiration la libéra de l’angoisse ancrée au fond d’elle. C’était bien mais ce n’était pas assez. Elle prit la tondeuse de son père, l’alluma et la passa sur son crâne pour les couper à ras. Elle passa sa main sur son crâne chauve et sourit. Elle se mit même à rire. Enfin, elle laissa tomber sa robe au sol ainsi que sa lingerie de femme pour ensuite saisir des bandages dans la pharmacie. Elle se mit a entourer sa poitrine fermement afin de dissimuler ses formes. Elle prit finalement un bas de training ainsi qu’un gros pull large, préalablement posé sur la lessive, et s’habilla. Enfin, son regard se reposa sur son reflet et elle rit de plus en plus. Là! Là, elle se sentait belle... Non, elle se sentait beau. Elle ou plutôt il était comme il en avait toujours rêver. Il avait l’impression de voir enfin le jeune garçon qu’il était.
-Ma chérie bon sang qu’est ce que tu fais? Sors d’ici immédiatement!
G
E
N
D
E
R
Ren exécuta enfin l’ordre et ouvrit la porte face à son père. Celui-ci recula sous l’effet du choc et plaqua sa main contre sa bouche. Où était sa si belle petite fille? Son sang ne fit qu’un tour.
-Bordel de merde c’est quoi ça? Qu’est ce que tu as fais? Tu ressembles à un garçon! Enlève moi ces habits tout de suite. Et tes cheveux?! Tu déconnes.
-Exactement, je ressemble à un garçon. Ça te déplaît?
Clama le jeune homme nouvellement libéré avant de pousser violemment son père. Il couru à sa chambre. Il saisit le sac qu’il avait déjà préparer, vola le porte-monnaie du géniteur au passage et s’enfuit dehors de la maison. Il courut, encore et encore, le plus vite possible. Il fuyait ce foyer toxique malgré les cris de son père qui tentait désespérément de le rattraper mais non: il était rapide comme une flèche. Il traversa le village japonais jusqu’à une petite maison pauvre. Il se mit sous le balcon et regarda derrière lui. C’est bon il avait semer son maudit père. Il bondit, s’accrochant au balcon, et grimpa comme il avait toujours habitude de faire. La pluie et la boue avaient éclaboussé ses vêtements mais il s’en fichait. Il était libre, pour la première fois il était libre d’être qui il voulait. Il toqua à la petite fenêtre et le fameux jeune homme à la promesse ouvrit aussitôt surpris que son amie lui rende visite à une telle heure. Lorsqu’il ouvrit, il eut un petit sursaut. Durant l’espace d’une seconde, il écarquilla les yeux face à ce cet inconnu au visage pourtant familier.
-Ren...? C’est... c’est bien toi?
Le jeune homme acquiesça doucement. Il avait peur d’être juger par la seule personne au monde qui comptait pour lui, mais non. Le jeune homme saisit son ami contre lui et éclata de rire.
-Tu es... tu es incroyable! Bon sang t’es beaucoup plus sexy comme ça! On dirait un vrai mec c’est génial. Qu’est ce qui t’as poussé à le faire?
-Tu te souviens de notre promesse Kaito?
-Oui... oui bien sûr pourquoi?
-Je suis prêt. On part ce soir, on s’enfuit aux état-Unis je m’en fiche qu’on ait pas d’argent ni d’endroit où aller. Je veux partir.
-Tu es sûr? Ton père a refait des siennes?
Le silence de Ren en disait long. Kaito fit un signe de tête. Il s’élança dans sa chambre.
-Je vais voler un peu d’argent et on y va immédiatement et... oh Ren? T’es le meilleur ami que j’ai jamais eu, je te suivrai partout où tu iras.
Ren parut surpris. ‘Le’? Un grand sourire se dessina enfin sur son visage. Enfin, ils allaient s’en aller et ils allaient pouvoir vivre tous les deux comme ils le voulaient. Bon sang, c’était le plus beau jour de sa vie.